mercredi 9 novembre 2011

Portraits de Taïwanais - partie 1

Bonjour,

La vie est souvent pleine de surprises et elle emprunte les chemins les plus imprévisibles. Elle nous jette parfois dans des situations inattendues et se montre toujours très créative.

A Taïwan, nous avons rencontré des gens très différents, tant dans ce qu'il est convenu d'appeler les hautes sphères que parmi les citoyens ordinaires. Et cela contribue à nous permettre de connaître les diverses faces d'un pays qui peut en montrer à foison.

Parmi nos rencontres riches en émotion, culture, art et humanité, nous avons sélectionné aujourd'hui  quelques "figures", même si les intéressés estimeraient qu'ils sont des gens ordinaires. Nous vous en présenterons d'autres qui méritent, à un titre ou un autre, d'être connus. Ils sont aussi une part, vivante, originale, riche, colorée, de Taïwan.

C'est la raison pour laquelle nous inaugurons avec cet article une série de portraits de Taïwanais, des plus connus aux plus anonymes, mais toujours passionnants et représentatifs des diverses facettes de la société taïwanaise.

Aussi, nous vous présenterons des photos réalisées avec ces amis, car l'amitié et le respect qui est la marque première de l'estime peuvent aussi exister même quand les opinions philosophiques, religieuses et/ou politiques ne sont pas les mêmes.

D'abord, notre ami Dingko, célèbre chanteur et chef de la tribu aborigène des Beïnans, dont l'épouse est d'ethnie Hakka, un homme doux, calme et sincère, attaché, comme tous les aborigènes du monde, à sa terre originelle, celle qui a vu naître, vivre et mourir des générations de ses ancêtres. Dingko est aussi un homme généreux, amoureux de la vie et d'une grande humanité sous son sourire presque timide. C'est avec lui que nous avons appris les rythmes, paroles et danses des chansons de son peuple. Un grand moment d'amitié et de fraternité, inoubliable.

Dingko sait aussi chanter comme les meilleurs "crooners" américains avec sa voix chaude et profonde. Il imite à la perfection Frank Sinatra, mais son répertoire le plus réussi et le plus inspiré est celui des chansons traditionnelles de sa tribu. C'est un instructeur infatigable des danses aborigènes les plus conviviales et rythmées. 

Ensuite, un ami de Dingko, qui est aussi le nôtre et avec qui nous avons partagé des combats, des peines et des joies. Cet homme est un grand peintre de Taïwan, de l'ethnie Hakka, qui répond au nom de Chiang Chiou Taï. Il fut enseignant dans une petite école publique de campagne dans la province de Miaoli. Mais, sa notoriété nationale est due à ses talents de peintre des paysans de Taïwan que tous ses tableaux colorés honorent. Il y décrit leur dur labeur dans la chaleur, leur unité avec la nature qu'ils  façonnent par leur travail, leur existence difficile et leur amour de cette terre qu'ils baignent de leur sueur quotidienne. Chiang Chiou Taï est un être fin, sensible, profondément humain, lié viscéralement à sa terre, amoureux d'elle.

C'est sa grandeur d'homme libre avec laquelle, en 2008, nous avons, à Modena, en Italie, partagé un exceptionnel moment d'intense émotion lorsque, pour la première fois dans l'histoire du mouvement paysan international, il vit que son pays était enfin reconnu comme tel via l'apparition publique, sur la place centrale de la ville, du drapeau national de Taïwan. Ce n'était pas du chauvinisme, non: il était fier qu'enfin, les paysans de son  pays aient été reconnus par les autres agriculteurs et éleveurs du monde comme leurs frères de travail et de combats. C'était son rêve: il a été réalisé par notre combat côte à côte. C'est aussi avec lui que nous avons été parmi les membres fondateurs, au nom de tous les paysans de Taïwan, de l'INOFO (initiales anglophones pour Organisation Internationale des paysans biologiques), à Modena. Chiang Chiou Taï est un artiste, mais un artiste passionné de la paysannerie pauvre laborieuse.

Notre dernier ami à présenter pour ce jour est un des grands promoteurs du bouddhisme et de ses valeurs à Taïwan. C'est aussi le fondateur du premier Musée Mondial des Religions à Yongge, dans la banlieue de Taïpei. Il combat le fanatisme, l'intolérance, milite partout dans le monde pour l'entente entre les peuples du monde, et même si nous ne partageons pas tout ou partie de ses croyances, nous avons aimé cette phrase qu'il a fait inscrire dans le patrimoine du bouddhisme moderne:
" ne jamais verser dans la croyance aveugle envers les phénomènes illusoires. Croire en sa propre nature plutôt qu'à toute forme de dieu".

Cet ami, avec qui nous avons parfois de longues et profondes discussions de nature philosophiques, assis sur un rocher qui domine l'Océan et qui lui sert de lieu de repos pensant, sur la montagne appelée Lingjioushan, s'est nommé de lui-même Hsin Tao, ce qui, traduit du mandarin, signifie " Chemin du coeur".

Dans sa jeunesse, il fut un enfant-soldat. Puis, il a découvert le bouddhisme et a fondé un monastère à Taïwan. De cette adolescence saccagée par la guerre, il a fait une force: celle de promouvoir la paix, l'amitié entre les peuples et la solidarité entre eux dans l'adversité. Ce sont des qualités rares qu'on ne peut que respecter et apprécier.

Bon, assez écrit. Place aux photos qui montreront nos liens avec ces hommes et notre bonheur de les connaître, de partager avec eux des moments forts et même de parfois se heurter intellectuellement en toute amitié sincère.

Ces photos scandent les faits relatés plus haut. prochainement, nous vous emmènerons faire la connaissance du fondateur du groupe ASUS dans sa résidence de montagne, du meilleur spécialiste de l'art sur bois précieux dans sa maison-musée, Monsieur Lee, puis d'un fabuleux jardinier hakka qui a fait un paradis verdoyant d'anciens marécages insalubres.

Taïwan, c'est aussi cela.....


Notes:

photos 1 à 5: Dingko, ses amis, sa maison, son sourire; photos 6 à 12: Chiang Chiou Taï, ses amis, ses peintures, son sourire, sa maison et son jardin, photo 13: émotion à Modena lorsque paraît pour la 1ère fois en public le drapeau de Taïwan sous son nom national, photos 14 à 16: Hsin Tao, ses amis écrivant en chinois, puis en photo avec lui; photo 17: le soleil se couche sur la montagne de Lingjioushan


















































































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